Merci à ma nouvelle amie Anya de me donner le courage de partager…
« …au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. » (Neslon Mandela, 10 mai 1994)
N’ayons pas peur des mots. Car ils peuvent nous libérer. Parfois, ils nous font trop peur. C’est ce qui m’est arrivé. Lors du mouvement #moiaussi, j’ai compris que peut-être, enfin, je pouvais mettre un mot. Je n’avais plus à avoir honte.
Il y a le mot viol. Enfin, le dire. L’admettre. Ce mot que je n’ai jamais osé utiliser lorsque cela est arrivé. Parce que je me sentais trop coupable. J’étais en partie responsable. Je n’avais pas été prudente. Depuis 20 ans, ce mot me révolte. Il fait vibrer en moi une colère indescriptible. Mais jamais je ne m’étais permise de l’utiliser pour moi. Comme si je n’y avais pas droit. Moi, c’était différent. C’était de ma faute.
Il y a le mot salope. Parce qu’il me l’a balancé avant de partir pour mettre la faute sur moi, pour me détruire, pour que je me taise. Il a joué avec cette peur qu’ont les filles qui vivent leur sexualité, qui ont peur de ce que l’on pense d’elles. Ce sentiment de honte, le regard des autres, son propre regard. Et lui, il a parfaitement saisi l’occasion pour utiliser ce mot. Ce mot que j’ai traîné en moi pendant 20 ans. Ce mot qui pourtant, ne m’appartenait pas.
Il y a le mot traumatisme. Parce que c’est ce que j’ai vécu. Parce que je dois me battre encore. Mon cerveau m’a protégé tant bien que mal. Mon corps s’est rappelé de l’événement pendant toutes ces années. 20 ans plus tard, je suis tombée en choc post-traumatique. Je me suis mise à lire sur le sujet pour comprendre. La femme rationnelle et intellectuelle que je suis devait mettre un mot. Sortir de cette folie, ce tourbillon d’émotions, ce mal physique qui empoisonne.
J’ai décidé de faire ce site pour nommer les choses, telles qu’elles sont. Pour parler de mon expérience, partager mes connaissances et peut-être, sait-on jamais, aider certaines à se libérer et avancer dans ce chemin encore si tabou.
Ne plus jamais se taire. Voilà l’essentiel.