Ça ne me regarde pas

Malheureusement, ce silence existe bien.
Il existe chez ces gens que j’estimais.
Le silence qui tue, qui brise, qui culpabilise.
Les gens ne se doutent pas à quel point c’est grave.
Et alors, on banalise. On ferme les yeux. C’est préférable.

Vingt ans plus tard, j’ai voulu réparer.
Dire la vérité, car eux aussi, on leur a menti.
Je me devais de leur dire ce qu’il avait fait!
Eux aussi, ils méritent de savoir!
Je ne dois pas leur cacher. Je dois faire ce qui doit être fait.
Ce que j’aurais dû faire à l’époque.
Ce que je n’ai pas fait car j’avais trop peur, je voulais me protéger.
Je me sentais coupable alors qu’il n’en est rien.

Leur silence est le pire d’entre tous.
Car ils étaient là, ils étaient là…
Ils ont fermé les yeux.

En retournant vers eux, en leur disant la vérité,
Pour qu’ils sachent, qu’ils sachent que je dis vrai,
Je croyais que, maintenant, ils m’écouteraient.
Non. Ils préfèrent fermer les yeux. Encore.

Ils me confirment, encore, que je ne suis rien.
Qu’il est plus important que je ne le suis.
Que sur l’échelle de la valeur humaine, il l’emporte sur moi.
Qu’il m’ait violée, ça ne regarde que moi.

Leur silence est le pire d’entre tous.
Car ils étaient présents, ils étaient mes amis.
Je suis parti à cause de lui.
Il avait gagné, il avait réussi.
C’était à moi de refaire ma vie.
Lui, il pouvait continuer à sourire, à fêter avec eux.
Pendant que moi je courbais l’échine, j’étais pliée en deux.

Vingt ans plus tard, j’ai cru qu’on me prendrait au sérieux.
Qu’on serait révolté en sachant ce qu’il m’a fait.
Qu’on comprendrait la gravité, l’horreur, les impacts et la douleur.
Mais il n’en est rien. Rien.
Leur silence est le pire d’entre tous.
Il vient confirmer ce que j’ai ressenti à l’époque.
Je suis seule. Complètement seule.
C’est entre lui et moi.
Eux, ils ne veulent pas s’en mêler.

« Ça ne m’appartient pas… »
« Ça ne me regarde pas… »
« Je te souhaite de prendre du mieux… »
« C’est toi qui étais là… »
« Il se défend, c’est normal… »

« Pourquoi tu ne nous l’as pas dit? »
Vous avez la réponse.
Je vous le dis aujourd’hui,
Et ça ne change rien.
Au contraire,
Ça vient me briser encore plus.
Voilà pourquoi les victimes se taisent.
Vous en êtes l’exemple même.

Je suis seule. Complètement seule.
Et quand vous frapperez votre bière contre la sienne,
Souriant à pleines dents,
J’espère que vous aurez une petite pensée pour moi,
Une toute petite,
Car je ne suis plus là,
Il a gagné.

Et ne jouez pas à l’autruche,
Arrêtez de vous mentir,
Vous croyez ainsi vous protéger…
En vérité, c’est lui que vous protégez.
C’est le silence de la complicité.

Novembre 2018

Le plan

Parce que tu me désirais, mais pas moi. Je n’étais plus obnubilée par toi. C’était du passé. Mais pour toi, c’était impensable que je te tourne le dos comme ça.

Je n’avais pas peur de toi quand tu insistais, quand tu me regardais, quand tes yeux se posaient sur moi avec ce regard qui disait tout. Tu étais un parmi tant d’autres à qui je disais « non ». Tu n’étais plus à la hauteur de mes attentes. Tu t’es senti rejeté, humilié. Ça te mettait en colère que je sois heureuse sans toi, de savoir que d’autres s’infiltraient dans mon lit alors que toi tu ne pouvais plus. Tu ne le supportais pas. Ton égo était affecté au plus haut point.

À défaut de réussir, tu t’es mis à rêver, imaginer… fantasmer. Les images, les scénarios, sont devenus de plus en plus clairs, de plus en plus réalistes. Tranquillement, ces fantasmes sont devenus des plans, des possibilités. Tu as pris la peine d’y réfléchir, de conceptualiser, jusqu’à ce que tu décides de passer à l’action. Tu as pris le téléphone et tu as décidé de te lancer. Il ne fallait surtout pas que tu rates ton coup. Tu savais que tu n’aurais pas une deuxième chance.

Tu as insisté, disant que ce n’était qu’entre amis et que je n’avais pas à avoir peur. Tu sortais des phrases sympathiques, amicales, essayant d’être rassurant tout en étant insistant. Tout à coup, tu me respectais, tu ne voulais que mon bien, tu avais pensé à moi subitement, par hasard. Tu as senti mon hésitation… Tu t’en doutais bien que je serais sur mes gardes. Tu m’as donc remis le contrôle, pour que je ne me sente pas coincée et que je fuis, tu m’as dit que je décidais, que je choisissais, donc inutile pour moi de craindre quoi que ce soit.

Et ça a fonctionné.

Je t’ai rappelé.

J’ai accepté.

La première étape de ton plan avait fonctionné. Tu devais tellement être fier. Tu étais intelligent, débrouillard, brillant manipulateur.

Tu t’es préparé. Lavé. Parfumé. Tu as choisi ce que tu étais pour porter.

Probablement que pendant tout ce temps, tu te répétais quoi dire, quoi faire, pour que tout fonctionne selon tes plans…

Tu es venu me chercher. Souriant, joyeux, agréable. Tu as donc lancé tout bonnement cette idée. Une soirée tranquille à la place. Pourquoi pas? Tu espérais que je dise oui. Et si je n’avais pas voulu, qu’aurais-tu fait? M’aurais-tu amené en voiture dans un endroit perdu? Aurais-tu passé une soirée avec moi au bar en étant le plus sympathique du monde pour que la prochaine fois, j’accepte d’être seule avec toi? Avais-tu un plan B…C…D?

Mais j’ai accepté. Deuxième étape réussie. La fierté a dû te monter à la tête. Le stress aussi peut-être. Mais ta détermination était toujours belle et bien présente. Hurlante. Tout fonctionnait.

Tel un gentleman, tu m’as amenée au club vidéo. Tu m’as probablement laissé choisir les films. Tu as certainement payé. Et on est allé chez moi, dans ma chambre, pour les regarder.

Mais toi, tu continuais à planifier. À chercher le bon moment. Il te fallait être patient. Attendre que j’aie bu plus qu’une bière. Au moins deux, au mieux trois… Patience, patience… ce n’en sera que plus facile.

C’était le bon moment. Tu n’en pouvais plus. Il fallait bien que tu te décides. « C’est là. Maintenant. Go, j’y vais ».

Tu t’es assis devant moi et sans attendre, tu t’es jeté sur mon corps sans retenu. Tu m’envahissais complètement pour que je ne puisse pas m’éloigner d’un pouce. J’étais prisonnière de ce fauteuil que tu utilisais si bien pour m’encercler. Tu savais très bien que je dirais « non » et c’est exactement ce qui s’est passé. Mais tu avais tout prévu.

Être tendre,

Être sensuel,

Être dominant,

Chasser mes paroles en disant « laisse-toi faire »

Ne pas abandonner, persister, jusqu’à ce que je me laisse faire…

Et si ça n’avait pas fonctionné, qu’aurais-tu fait? Si je t’avais repoussé, si j’avais crié, si je m’étais mise en colère contre toi, qu’avais-tu prévu? Avais-tu un plan B… C… D?

M’amener dans mon lit. C’était le bon moment, tu l’avais compris. J’avais fondu sous tes caresses et tes baisers. Je m’étais laissée aller à cette sexualité que tu me proposais. Tu avais réussi à me faire croire que j’étais ta reine, ta privilégiée, ta douce, et que tu serais tendre comme jamais. Tu m’as vite fait comprendre que tu t’occupais de tout, que je n’avais qu’à profiter de tes attentions précieuses, que tout serait bon.

Ma peur toujours présente, je doutais de moi. Car je ne voulais toujours pas. Mais tu étais si sûr de toi. Si confiant, si convaincant, que je me suis dite  » une dernière fois… »

Dans le lit, tu y es allé avec adresse.  Je ne t’avais jamais vu comme ça. J’étais mitigée. Je ne pouvais plus reculer.

Ton sourire satisfait…

Satisfait car tu y étais presque.

Satisfait parce que ton plan A avait fonctionné bien plus facilement que tu ne l’aurais cru.

Satisfait parce que j’avais été naïve, manipulable,

Et qu’à présent j’étais complètement vulnérable.

 

J’étais maintenant à ta merci,

Je ne pouvais plus m’enfuir,

Tu pouvais maintenant faire ce que tu voulais,

Ce que dont tu rêvais, ce que tu fantasmais…

« Elle ne se doute pas de ce qui s’en vient… »

Ce sourire que tu avais, jubilant à me voir là, innocente et soumise.

 

Ton plan avait fonctionné.

Tu as pu mettre à exécution la violence que tu avais dissimulée.

Qui te grugeait de l’intérieur. Que tu avais tant refoulée.

Cette vengeance qui n’en pouvait plus d’attendre.

Cette destruction que tu avais si hâte de m’imposer.

 

Voir la peur m’envahir, sentir ce besoin de fuir,

Constater ma panique et mon désarroi,

Voilà enfin ce que tu espérais tant!

Ton sourire le disait ouvertement!

Tes paroles froides, cinglantes, tranchantes,

Me renvoyaient à mon rôle d’être inférieur,

Me faisant comprendre que j’étais maintenant sous tes ordres,

Que peu importe mes besoins, c’était toi le maître,

Toi seul avais le contrôle,

Moi, je n’étais que cette fille naïve qui était tombé dans le piège,

Tant pis pour moi.

 

Quel plaisir en retirais-tu?

Comment comprendre ce moment dans lequel j’étais complètement perdue?

Pendant que je ne comprenais pas ce qui se passait, pendant que je vivais la plus grande peur de ma vie, pendant que je pensais mourir, pendant que ma tristesse m’envahissait au plus haut point, pendant que ma honte me submergeait à voir mon corps sous tes coups, pendant que ma colère était telle que je ne ressentais plus rien,

Toi, tu aimais ça, tu soupirais ta jouissance, tu bougeais d’excitation, tu touchais ma peau avec désir, mon âme n’existait pas, mon corps te suffisait, mon corps t’appartenait, et ça, ça te comblait totalement…

 

Ce moment dont je ne me souviens que de quelques bribes,

Des bribes de sons, d’odeur, d’images, mais surtout d’émotions.

Ces bribes de vide, d’absence, de stupeur, d’incompréhension.

Jusqu’à ce moment final, ce moment où tu es venu en moi,

Ce moment-là complètement insensé et inconcevable,

Tu m’avais violée.

Tu m’avais fait ça.

Cette émotion-là, ça ne s’invente pas.

Cette émotion-là, elle reste en nous pour toujours.

Tu m’avais violée.

Tu m’avais fait ça.

 

Mais tu avais prévu aussi la fin. Le dernier coup à donner avant de partir.

Il fallait bien que tu te déresponsabilises.

Il fallait bien que je me taise.

Il fallait bien me faire peur encore pour que je meure vraiment.

Il fallait bien que tu termines le boulot complètement.

 

Tu as donc jeté sur moi ces paroles.

Je l’avais mérité.

Je n’avais pas à me plaindre.

Personne ne me croirait.

Personne.

Tout le monde rirait de moi.

Tout le monde me méprise de toute façon.

Je l’avais cherché.

J’avais accepté.

Le reste, je devais l’assumer.

Si j’avais vécu ça, c’est parce que je valais ça.

 

Tu as entendu mes cris qui t’ont fait bondir.

Ma rage qui t’a fait fuir.

Tu t’es sauvé car je réagissais,

Je venais de sortir de ma torpeur,

Je hurlais ma douleur,

Ma colère t’a fait peur…

 

Depuis, tu es tranquille.

Plus de 20 ans de cela que ton plan a fonctionné.

Y penses-tu encore parfois?

Vois-tu ces images, entends-tu ma voix?

Celle qui te disait de ne pas faire ça, de me lâcher,

Celle qui tremblait de peur et que tu t’amusais à nier…

 

Tu sais maintenant que j’ai parlé.

Comment prends-tu cela?

Je suis plus forte qu’à l’époque, ça tu le sais!

Trembles-tu un peu, dis-moi?

Rages-tu contre celle que tu ne maîtrise plus?

Ces vingt ans passés te font du tort,

Je n’ai plus 19 ans, et ce crime n’est pas disparu pour autant…

As-tu commencé à éparpiller des mensonges pour te sortir de la honte?

As-tu un plan B…C…D?

 

29 mars 2019

19 ans

Ce qui est insensé… c’est de devoir prédire ce qu’on cherchera. Je dois, en fait, chercher dans mon sentiment de culpabilité, pour appréhender ce sur quoi on jouera. N’est-ce pas épouvantable? Ridicule? Arriéré….

Je comprends, plus que jamais, pourquoi les filles ne disent rien…
Pourquoi je n’ai rien dit à 19 ans…

19 ans.
Période de doute et d’incertitude.
Période de recherche d’amour et de sécurité affective.
19 ans. Entre plaisir et responsabilité.
Entre jeunesse et sagesse.

19 ans… Début de la majorité, mais si loin du sentiment adulte.
Besoin de plaire.
Besoin de sécurité.
Besoin de se connaître et d’avancer.

Totalement brisée.
La dignité écrasée,
La personnalité broyée,
La beauté effacée.

Fragile et insouciante,
À faire trop facilement confiance,
Incapable de méchanceté,
Impossible de hurler,
Surtout envers ceux qu’elle a déjà aimés….

19 ans,
Et encore ici, en moi,
Cette jeune fille qui m’a murmuré pendant toutes ces années,
Qui a pleuré en silence dans mes nuits mouvementées.

Peu importe ce qu’on dira,
Je continuerai d’avancer,
Je te protégerai,
Te défendrai,
Peu importe le sentiment qui te brise,
Je suis assez forte aujourd’hui pour te dire,
Que tu es digne.
Digne d’être écoutée. Digne d’être défendue.
Digne de dire non et d’être entendue.

Fragile guerrière

Oui, j’ai peur.
Présentement, c’est ce qu’il se passe en moi,
Je ne suis pas une mauvaise personne,
Je n’ai pas l’habitude de faire ça,
Je préfère toujours être blessée que blesser,
Je préfère ravaler que cracher,
Je préfère assumer que dénoncer…

On entend partout : « le passé est passé! Il faut tourner la page, lâcher-prise! »
Comment faire pour avancer dans ce chemin lorsque ces principes, on y croit?
Quand depuis des années, on a l’habitude d’utiliser ces mécanismes-là?
Quelle lutte difficile que celle contre soi-même,
Quelle bataille épuisante que celle contre ses propres démons…

Peut-être est-ce de cela dont je dois me libérer?
Peut-être qu’il est là mon lâcher-prise?
Lâcher-prise sur ce réflexe de me taire et m‘effacer,
Lâcher-prise sur cette impression que je ne mérite pas d’être aidée,
Lâcher-prise sur cette habitude que j’aie de minimiser,
Lâcher-prise sur cette peur de m’affirmer,
de demander justice pour moi-même,
Lâcher-prise sur mon sentiment de responsabilité, de culpabilité…

Peu importe ce qu’on me fait subir,
Je vois toujours l’humain qui est devant moi.
Mon âme préfère pleurer sans bruit,
Pardonner est tellement plus facile, croyez-moi…

Ce serait tellement plus simple de faire volte-face,
Ne pas faire de vague, me replonger dans le silence.
Pour moi, ce serait du connu! La routine!
Me défendre… je peux le faire, mais je me sens coupable,
Me lever et reprendre mon droit,
Me tenir debout, être forte,
Voilà l’urgence, l’évidence, la fatalité,
Enfin, voir l’humain en moi,
Enfin, parler pour les femmes réellement,

Écrire, je sais faire…
Parler, j’y suis habituée…
Mais agir, concrètement,
Avoir ce pouvoir entre mes mains,
Alors que mon pouvoir on me l’a un jour arraché…

Et quand depuis tant d’années, on croit que notre humanité n’existe pas,
Quand on nous a enlevé cette certitude-là,
Il est difficile d’être convaincue du bien-fondé de cette démarche,
Qui suis-je pour faire ça?
Je ne suis pas grand-chose,
Je ne suis pas plus importante qu’un autre,
Je ne suis qu’une fille qui a été utilisée,
Qui doit prouver, démontrer, avec toute la conviction possible,
Qu’elle ne méritait pas cela,
Qu’elle vaut plus que cela.

Il est si difficile d’avoir confiance en soi,
Quand la blessure, elle est justement là…

Un jour, se sentir guerrière,
Le lendemain, vouloir rentrer sous terre…

Je m’accroche à la vérité,
Je m’accroche à l’évidence,
Je m’accroche grâce à ces gens qui m’aiment,
Je m’accroche à la justice,
À toutes celles qui ne parleront jamais,
Je m’accroche un jour à la fois,
En ne sachant pas trop vers quoi cela me mènera.

Je ne suis pas la première,
Je ne serai pas la dernière,
Je ne serai qu’une parmi tant d’autres,
J’aurai été au bout,
J’aurai fait ce qui est juste,
Même si je dois me sacrifier,
Même si cela m’arrache le cœur,
Même si la blessure s’ouvrira encore et encore,
Même si la lutte est cruelle,
Même si je dois être plus forte que moi-même,
Même si je doute sans cesse.

Me convaincre que je suis digne,
Faire confiance dorénavant,
Malgré cette peur que j’aie,
Qu’on me laisse tomber,
Qu’on ne me croie pas,
Qu’on juge que ce n’est pas si important que cela…

Malgré ces obstacles évidents,
cette jeune fille brisée,
Ne jamais la laisser tomber.
Foncer droit devant,
Avec comme seule arme la vérité.

Cette arme qu’il ne pourra jamais utiliser…

Je suis là, maintenant…

Tu as bien fait Nat,
De vivre ça 20 ans plus tard.
Tu as bien fait, rassure-toi,
Tu te devais de faire ça.
Ce n’était que partie remise.
Ce n’était que partie remise…

Tu as bien fait Nat.
Tu avais trop mal,
Trop de peine,
Trop d’horreur, Nat.
Comment pouvais-tu faire?
Comment pouvais-tu rester sur terre?
Il fallait partir dans les airs Nat…

Je te revois Nat,
Je te revois pleurer, souffrir, seule, tellement seule…
Ne t’en veux pas Nat,
Moi, je ne t’en veux pas.
Je suis là maintenant.
Et moi, je ne te laisserai pas tomber,
Comme je te l’ai promis à l’époque.

Tu te souviens?
Je t’avais promis que je ne te laisserais pas tomber,
Et j’étais la seule personne en qui tu avais confiance…
La seule Nat…
Tu te souviens?

Je ne t’abandonnerai pas Nat,
Tu peux être rassurée,
Parce que maintenant, je suis rendue là où tu le voulais,
Je t’ai écoutée, j’ai avancé,
J’ai atteint ce que tu désirais,
Je peux maintenant t’aider,
Je suis rendue là Nat,
Tu peux compter sur moi…

Tu sais Nat,
Ce que les gens disent, pensent,
Ça ne nous fait rien, hein?
On sait ce qui s’est passé,
On sait ce qui est vrai… Nous on le sait.

Je vais te défendre maintenant.
Moi, j’en ai la capacité,
Je suis rendue grande et forte, si tu savais!
J’ai réussi tant de choses depuis,
Je suis une adulte, une grande personne!
Je suis rationnelle, logique,
Je peux t’aider maintenant!

Ho Nat,
Attends-moi…
Je sais que c’est difficile,
Je sais que tu te sens seule,
Je sais …
Tout a été brisé,
Tu crois que tu es à blâmer,
Et tu le croiras pendant tant d’années…

Fais-moi confiance Nat,
Un jour, tu seras libérée.
Je te le promets.
Un jour, tu respireras, oui! C’est bien vrai,
Un jour, tu comprendras ce mal-être que tu as,
Tu mettras des images sur ce qui ne va pas!
Tu comprendras ces blocages que tu as,
Je te le jure, tu sauras…

Nat,
Tu n’es pas folle, crois-moi,
On t’a fait du mal, ça t’a blessée, ça t’a marquée,
Ton âme est brûlée, c’est aussi simple que ça,
C’est dommage, mais c’est ta vie,
Et tu grandiras, ne t’inquiète pas,
Tu grandiras…
Peu importe ce qui arrivera,

Continue de choisir le chemin qui te fera grandir,
Qui te rendra fière de toi,
Comme tu as toujours su le faire,
Toujours,
Toujours…

Et n’oublie pas Nat, je compte sur toi,
Comme tu peux compter sur moi.
Mais ça… tu le sais déjà,
On le sait toi et moi…

Cet événement isolé

Vous pensez que cela ne fait rien?
Vous pensez que ce n’est qu’un événement isolé?

La peur… La peur nous suit, sans cesse. Physiquement, socialement. Les sourires deviennent suspects. Les belles paroles ne font plus d’effet. Au contraire, on reste sur ses gardes, toujours, sans aucune exception. Ne plus croire… en être incapable.

Ne plus faire confiance aux autres, mais surtout à soi-même. Parce qu’un jour, notre ressenti nous a trahi. Nos émotions nous font peur. Nos frissons deviennent des erreurs. Parce qu’un jour, on s’est laissé briser. On a été brûlée. Ne plus se faire confiance, c’est terminé.

Si on a vécu ça, c’est qu’on est en partie responsable. Assumer ses erreurs. Assumer…

J’étais anéantie. Il n’y a pas d’autres mots. Anéantie mais en vie. Étrange sensation de vide et de présence. S’accrocher à une parcelle d’existence. Un morceau d’espoir. Une étincelle.

J’ai pris la décision de n’écrire que mes moments de bonheur. Il fallait s’en sortir, il fallait s’accrocher! On n’a qu’une vie, une seule! Ce n’est pas vrai qu’un événement viendra tout détruire. Ce n’est pas vrai qu’un être humain aussi horrible viendra marquer ma vie. Ça non! Surtout pas lui! Pas ça!

Horrible personnage, être immonde! Comment a-t-il pu me faire ça? Comment a-t-il pu décider, ce soir-là, que je devenais ça? Je suis tellement plus forte qu’il ne le croit, je ne me laisserai pas faire. Je ne le laisserai pas décider. Je ne le laisserai pas me briser.

Vous pensez que cela ne fait rien?
Vous pensez que ce n’est qu’un événement isolé?

Déchirée en deux… déchirée. Pour pouvoir survivre. Cette partie de soi qui a été meurtrie, on l’enfouie. C’est inexplicable. C’est inimaginable. Et cela prend plusieurs années à le réaliser, à l’accepter…

Je ne l’accepte pas encore vraiment… Prendre conscience que pendant tout ce temps, j’ai marché à côté de moi-même…

Pourquoi on ne parle pas lorsque cela nous arrive?
Vous vous demandez bien pourquoi, n’est-ce pas?
Je vais vous dire pourquoi…

Rien de pire que de le dire et de ne pas être cru.
Rien de comparable.
Rien de plus épouvantable.
Passer pour une menteuse qui s’amuse à inventer un viol?
Il n’y a pas plus méprisable.
N’est-ce pas?
Tous les jours, on l’entend cette phrase : « peut-être qu’elle ment pour avoir de l’attention? »

Quand on l’a vécu, on ne veut surtout pas passer pour ce genre de personne.
Alors, dès qu’on ne nous croit pas, on s’enferme. On s’engouffre. On préfère souffrir seule, silencieusement, que publiquement. Le choix est facile, automatique, évident.

Ne rien entendre ou entendre des jugements?
Continuer à avancer ou se battre pour être cru?
Ces gens, je les aime… je ne veux pas les décevoir, je ne veux pas qu’ils me voient comme la fille qui invente ce genre d’histoire. Je ne veux pas qu’on me dise que j’ai été imprudente. Je ne veux pas entendre les reproches, les « tu aurais dû ».

Et puis, de toute façon, ce n’est qu’un événement isolé!
Une mauvaise expérience, un souvenir à oublier!
On tourne la page, on va de l’avant! On se le dit souvent : « ne regarde pas derrière, l’avenir est devant! » Ça ne devrait pas être compliqué? Ça devrait se faire facilement! On est forte, on est capable. Lui, il n’est rien. Je ne m’arrêterai pas en chemin à cause de lui. Ça non.

Malgré cela… Malgré les belles paroles, les promesses que l’on se fait. Malgré nos bonnes intentions et notre force surhumaine… les images sont envahissantes et humiliantes. Notre âme est ternie, broyée, marquée au crayon feutre. Ça nous suit, toujours, sans cesse, sans relâche. Puisque les sons et les images sont trop épouvantables, on les cache au fond, très loin. Mais la cassure est là. Toujours. Elle transparaît dans chacun de nos mouvements, de nos peurs, de nos choix. Elle définit notre vie, notre chemin, notre perception des choses, notre identité. Et tout cela, même si le souvenir est caché.

Je sais que c’est difficile à comprendre, à visualiser. Je comprends tellement, si vous saviez…
Et c’est pour cette raison que je tente sans cesse de l’expliquer.
J’essaie, enfin, de mettre des mots sur l’inconcevable.

Y a-t-il de l’espoir, me demanderez-vous?

Mais il y en a toujours eu! Depuis le début!

Parce que tout ce qu’il pouvait faire de pire, c’était de me tuer!
Il ne m’a pas tuée…
Non, il ne m’a pas tuée.
J’ai survécu.
À ce moment précis où il m’a lâchée,
Mon âme est revenue,
Et l’espoir est apparu…

Pour elles

Je ne peux pas.
Je ne peux pas abandonner.
Je ne peux pas reculer.
J’ai peur. Je sais.
Mais je ne me laisserai pas écraser.

Ce monde injuste. Ce monde d’horreur.
Qui m’a fait douter de moi, de qui je suis.
De qui je devrais être.

Ce monde.
Dans lequel je ne suis pas seule.
Tellement pas seule…

Parler, c’était se mettre en danger.
J’en étais effrayée.
Mais au contraire, ça m’a donnée la force.
La force de continuer.
La conviction de la légitimité,
De mon intention.

Je sais qui je suis,
Depuis toujours.
Je ne l’ai pas laissé me détruire,
Parce que je savais que je valais quelque chose.
Malgré ce que l’on pouvait dire de moi,
Malgré ce que je croyais qu’on disait de moi.
Je savais qui j’étais.

Non, je ne peux pas baisser les bras.
Je suis plus forte que ça.
Et il est important pour moi,
De l’être pour celles qui ne peuvent pas.
Pour celles qui se taisent,
Pour celles qui ont honte,
Qui se cachent au fond de leur chambre,
La peur et la culpabilité dans l’âme.

Je veux me lever pour elles,
Je veux parler à leur place,
Parce que l’injustice me ronge,
Parce que l’injustice fait rage,
Parce que depuis ce soir-là,
La colère a pris place.
Une colère que je refuse de refouler,
Au nom de la fille parfaite qui sait pardonner.

Jeune fille à la sexualité naissante,
Qui ressent le jugement des hommes possessifs,
Qui désire tant être aimée et considérée.

Jeune fille qui a honte parfois,
Et qui y a droit.

Jeune fille qui a été utilisée,
Et qui a eu l’âme pulvérisée.

Jeune fille qui a tentée de se protéger,
Avec la force qu’elle a su accumuler,

Qui a oublié, parce qu’elle a été violée,
À quel point elle a été aimée,

À quel point elle a été aimée….

La décision

Pourquoi je le ferais? La question…

Parce que c’est grave.
Parce que ça brise une vie.
Parce que c’est un crime.
Parce que je mérite le respect, de mon être, de ma dignité, de mon intégrité.
Parce que personne n’a à vivre ça, y compris moi.
Parce que trop de gens encore ne comprennent pas la portée d’un tel geste.
Parce que les conséquences sont si nombreuses.
Parce que ça affecte plusieurs sphères de la vie.
Parce que c’est un traumatisme épouvantable.
Parce que ça laisse des séquelles psychologiques.
Parce que ça a des impacts sur la santé physique.
Parce que c’était planifié, prémédité.
Parce que ma colère est légitime et que je veux l’exprimer intelligemment.
Parce que je veux reprendre le pouvoir qu’il m’a enlevé.
Parce que je veux rétablir les faits.
Parce que j’ai le droit d’être entendue et considérée.
Parce que j’ai avec moi la chose la plus importante, la seule chose nécessaire, la vérité.

Mais surtout,
Parce qu’il n’avait pas le droit de me faire ça.
Et moi, j’ai le droit de faire ça.

Mais la vraie question est…
Pourquoi je ne le ferais pas?

Parce que de doute façon, ma vie est peut-être plus belle que la sienne? Parce que je suis peut-être plus heureuse que lui? Parce que la vie l’a peut-être rattrapé, il a peut-être des problèmes dont je ne soupçonne l’existence? Parce qu’il était peut-être souffrant, blessé? Peut-être avait-il eu un passé plus triste que le mien? Non. Il ne mérite pas mon empathie. Il m’a agressé, point. Je ne dois pas penser plus loin. Parce que des gens vont peut-être en souffrir? Pourtant, c’est son geste, pas le mien.  Je ne dois pas me sentir coupable. Cela suffit.

Parce qu’on va penser que je veux me venger? Parce qu’on va dire que je cherche à soutirer de l’argent? Parce qu’on ne me croira pas, on dira que je profite de la situation, on dira que je mens peut-être? On me jugera, on écoutera mon histoire et j’entendrai ces préjugés? On va me pointer du doigt, me ridiculiser, douter de moi? On dira que je le fais pour des raisons égoïstes? Non. Ce que les autres pensent ne m’appartient pas. Je ne dois plus diriger mes actions en fonction de ce que l’on pensera de moi. Je ne dois pas avoir honte. Cela suffit.

Parce que de le faire, c’est rester encore dans ce tourbillon? Parce que c’est de l’acharnement? Parce qu’il serait préférable de tourner la page, de passer à autre chose, de lâcher prise, de faire la paix avec mon passé? Non. Que je le fasse ou non, cela ne partira jamais, de toute façon. Tourner la page, je ne pourrai jamais vraiment. Je ne peux faire semblant et me faire croire que cela ne s’est jamais passé. Je peux avancer, évoluer, mieux me comprendre, redonner à l’autre ce qui lui appartient, mais je ne pourrai jamais effacer le traumatisme complètement. Que je le fasse ou non, la blessure restera. Je ne dois pas me mentir. Cela suffit.

Parce que j’ai peur de perdre de l’argent? De faire tout cela et de m’effondrer au bout du chemin? Parce qu’il pourrait en ressortir glorieux, comme lorsqu’il est sorti de ma chambre? Parce que c’est un gros risque à prendre? Non. Je ne veux plus faire des choix en fonction de ma peur. Je ne veux plus refouler au risque d’être blessée encore. Cela fait trop longtemps que j’agis de cette façon. La peur ne sera plus mon phare. Ma confiance doit être inébranlable. Plus que jamais. Je ne dois plus m’oublier. Je suis importante. Je suis forte. Je ne dois plus m’écraser pour me protéger. Cela suffit.

Parce que je peux le faire.

Parce que toutes les victimes devraient pouvoir le faire.

Et parce que tous les agresseurs devraient être tenus responsables de leurs gestes.
Sans aucune exception…

« On ne se libère pas d’une chose en l’évitant, mais en la traversant » Cesare Pavese

L’injustice du silence

Je suis la criminelle,
Quel monde cruel…

Je viens de recevoir une mise en demeure. Il y a quelques jours. De lui. De son avocat.
J’en parle, car je trouve cela complètement inconcevable.

Dans quel monde vivons-nous?
Je dois me taire. Sinon il peut me poursuivre. Sinon, il va me poursuivre.

On nous dit de parler, de dénoncer. Cette libération de la parole a un prix, j’en étais très consciente. Et lorsque j’osais m’affirmer, du bout des lèvres, j’avais toujours peur. Peur de passer pour la méchante, la criminelle. Peur que cela me nuise. Cette lourdeur que je ressentais à chaque fois. Cette lourdeur qu’il a déposée sur moi ce soir-là et dont je n’ai jamais pu me débarrasser. Le poids du silence. Toujours.

J’ai laissé tomber ces amis. Je les percevais complices de ce viol. Dans mon esprit, je n’étais rien. Il avait réussi son coup, il irait s’en vanter. Et puis, on ne ferait rien. Car je l’avais mérité.

J’ai tout quitté et je me suis refermé sur moi-même. J’ai vécu un traumatisme grave qui a laissé des séquelles dans ma vie. Et c’est lui… que l’on doit protéger. Laissez-moi hurler!

Lorsque mon choc post-traumatique a débuté, l’urgence en moi a été de parler. Cette urgence de réparer, de crier haut et fort ce qu’il m’a fait, ce que j’ai enfoui, ce qui m’a empoisonné pendant toutes ces années. La femme rationnelle et en contrôle s’est effondrée. Les émotions se sont mises à exploser. Mais ça… évidemment… j’aurais dû encore me la fermer! J’aurais dû le protéger! Ne rien dire pour ne pas lui nuire! Ce pauvre homme victime de ma colère. Pleurons en cœur…

Maintenant, j’ai cette mise en demeure qui me menace de poursuites si je tiens encore ces « propos mensongers ». On me dit que je serai tenue responsable de tout dommage qui pourrait en résulter! Je frissonne rien qu’à lire ces phrases qui me transpercent. Je suis une méchante sorcière… et cela me donne encore plus la conviction que nous ne devons pas nous taire.

Je faisais attention à ce que je disais, faisais… je me sentais coupable de parler, et on me disait que je n’avais pas à cacher la vérité.

Si j’ai hésité à parler de ce que j’ai vécu, maintenant, la question ne se pose plus. Cette mise en demeure est la preuve qu’il n’y a rien de changé. Elle est la preuve de l’aberration sociale dans laquelle nous sommes encore prisonniers. Elle est la preuve que nous devons, plus que jamais, parler.

Nous avons un réel problème de société. Nous avons un réel problème à régler. Durant cette année du mouvement #moiaussi, des gens se sont indignés des dénonciations en utilisant le concept de « chasse aux sorcières ». Ce qui me faisait carrément frissonner. La chasse aux sorcières, ce sont les victimes qui la vivent. Depuis des centaines d’années.

Je parlerai. Je ne me tairai jamais. Je ne mens pas. Je vais me lever pour toutes ces victimes qui sont réduites au silence. Pour toutes ces femmes et ces hommes qui n’osent dénoncer. Parce que la peur nous tient, la peur nous écrase, la peur nous brise.

Cette mise en demeure vient jouer sur ma peur…
Je dois être forte. Plus que jamais.
Je ne dois pas le laisser encore me dominer.
Je dois crier à l’injustice. Je ne peux faire autrement.

J’assume tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai dit.
La vérité sera toujours mon cheval de bataille.
Qu’on me poursuive, qu’on m’emprisonne, qu’on me mette au bûché,
Jamais je ne mentirai!

Pas si grave

Ce qui me dérange, c’est votre journal. Je n’ai aucun problème avec votre témoignage.

Ha! Vous comprenez! Je suis contente d’entendre ça…

Mon travail, c’est d’arrêter des agresseurs, mais c’est aussi de protéger mes plaignantes.

La défense va jouer avec ça, ils vont vous démolir, et ça va lever le doute raisonnable.

On dirait une fille qui fait le constat de ses agissements…

Je pourrais très bien vous préparer, vous accompagner, mais c’est vous qui allez être en avant, qui allez vous faire démolir, et vous n’avez pas besoin de ça.

La défense n’ira pas avec des gants blancs. Ce n’est pas un jeu.

Ça vous a libéré de porter plainte? Ça vous a fait du bien? Bon! C’est ça l’important!

Ce n’est pas qu’on ne vous croit pas!

Vous avez mes coordonnées si vous avez d’autres questions!

 

Je suis désolée, je n’ai pas eu le temps de vous répondre, parce que j’avais des rencontres avec des victimes… Vous pouvez appeler la CAVAC en attendant.

 

Qu’est-ce que vous voulez?

Je vous avais tout expliqué l’autre jour. Qu’est-ce que vous n’avez pas compris?

Ça ne marche pas! Vous ne pouvez pas! J’ai 25 ans d’expérience, je sais comment ça va finir. Il n’aura même pas besoin de témoigner.

Combien de fois dois-je vous dire que je fais ça pour vous protéger?

Ce n’est pas que je ne vous crois pas! C’est que ça ne marche pas! Vous pouvez demander un autre avis, mais moi je vous le dis, ça ne marche pas…

Je n’en reviens pas! Je n’ai jamais eu à me justifier autant…

Ce n’est pas ça qui va vous aider à guérir!

Non, je ne rencontre jamais les plaignantes dont j’ai refusé le dossier!

Je ne sais pas ce que la dame de la CAVAC vous a dit, mais elle n’a pas vu le dossier!

On voit qu’il n’y a pas qu’avec lui que vous avez des choses à guérir…

Non, ça ne lui donne pas le droit! Et c’est pour ça que vous avez porté plainte.

Oui, le mouvement #moiaussi va faire bouger les choses. Ça va faire en sorte que les filles vont s’affirmer, vont savoir se faire respecter, n’accepteront plus certaines choses.

Maintenant, vous allez guérir et devenir une ressource…

Bonne chance.